
Voici le témoignage que nous a transmis Stéphane Tencer que je remercie chaleureusement. En 1968, Stéphane est étudiant à l'Ecole des Mines (promotion 1966-1969). Il retrace pour nous la "prise" de la Salle Poirel le 28 mai. A l'image du théâtre de l'Odéon à Paris, la Salle Poirel devient un lieu de libre expression pendant quelques jours.
PROLOGUE
Nous venions à quelques dizaines (étudiants de grandes écoles et de fac) d’investir
Je me souviens des petits déjeuners pris vers 6 heures du matin avec nos camarades cheminots qui occupaient, pratiquement en face,
GENÈSE
Comment en étions-nous arrivés là ? La réforme de l’enseignement mise en place en 57 par Bertrand Schwartz à l'école des Mines de Nancy nous prédisposait sans doute à avoir une oreille attentive aux événements de mai 68 ; la présence d’Alain Geismar, ancien de l’école, à la tête du mouvement nous interpellait aussi. Et puis être des spectateurs provinciaux de ce qui se passait à la capitale, se lover dans le doux confort d’un avenir assuré, ne pas sentir les remontées des expériences que nous avions faites nombreux lors de nos stages ouvriers dans les mines et la sidérurgie et qui nous renvoyaient une image d’un ingénieur plus proche de Zola que de Sergent Pepper des Beatles …..aurait signifié pour certains la négation des valeurs qu’on nous inculquait : autonomie, disponibilité, responsabilité. Alors, nous avons essayé, dans une indifférence parfois lourde, de sensibiliser et de mobiliser les étudiants des autres grandes écoles de Nancy, pour aboutir à cette action à la fois naïve, apolitique et sincère.
Combien étions-nous de l’école à participer ? 10%, 20%, sans doute pas plus car beaucoup étaient repartis chez eux, ou en vacances car il faisait beau…
[Républicain Lorrain du 1er juin 1968, transmis par J.-C. Diedrich]
ÉPILOGUE
L’ordre est revenu,
Alors loin de moi l’envie de m’approprier l’aura de mai 68 ou l’arrogance qu’à dénoncée notre président durant sa campagne ? il est de bon ton aujourd’hui de pointer les donneurs de leçon que sont les baby boomers et de fustiger leur égoïsme qui expliquerait certaines des difficultés que nous connaissons. Nous n’étions ni plus ni moins idéalistes que les jeunes aujourd’hui…nous étions simplement là à ce moment là.
Les deux photographies accompagnant cet article ont été prises par Jean-Luc Wagler, alors étudiant en médecine. Dans le prochain épisode sur Mai 68 à Nancy, nous publierons d'autres photos prises par lui pendant ce mois de mai.
Un grand merci à Jean-Luc !
Prochains épisodes sur Mai 68 à Nancy :
- 1. Mars 1968 à Nancy : les prémices de mai ? (J. Pozzi)
- 2. Les tracts de mai : des vecteurs d’une provocation ciblée (J. Pozzi).
- 3. Les lycées en ébullition
- 4. Les affiches : le vecteur privilégié des provocations étudiantes (J. Pozzi)
- 5. La parole se libère à la salle Poirel, "l'Odéon" lorrain (témoignage de Stéphane Tencer et photographies de Jean-Luc Wagler)
- 6. Des photographies inédites (Fac de médecine, Fac de lettres, Gare SNCF...) (J.-L. Wagler)
- 7. Retour à la normale...
- 68 raconté à mes petits-enfants (1) Découverte de la politique et engagement (Guy Charoy)
- 68 raconté à mes petits-enfants (2) Dans la "vie active" (Guy Charoy)
- 68 raconté à mes petits-enfants (3) Solitude et barbouille (Guy Charoy)
- 68 raconté à mes petits-enfants (4) Pendant ce temps... UEC et UJC (ML) (Guy Charoy)
- 68 raconté à mes petits-enfants (5) Garde Rouge à Nancy (Guy Charoy)
- 68 raconté à mes petits-enfants (6) Théorie Pratique Théorie (Guy Charoy)
- 68 raconté à mes petits-enfants (7) Manif' minimale (Guy Charoy)
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